Une enquête réalisée avec le concours d’Un Plus Bio parue ce 22 janvier 2016. Où l’on apprend que la région avance… à petits pas ! Reportage à Manduel, membre du Club des Territoires et ITV de Stéphane Veyrat, directeur d’Un Plus Bio.
Stéphane Veyrat, directeur d’Un Plus Bio, était l’un des invités de la soirée « Climat’titude » consacrée aux actions qui font du bien au climat, par le Conseil départemental du Gard le 8 décembre 2015. L’occasion d’expliquer en quoi une alimentation et une restauration collective bio, locales, saines et justes sont un levier et non un frein au développement des territoires. Retrouvez l’émission « Trois minutes pour comprendre » sur RTL ici. Yves Calvi : Expliquez-nous comment on peut intégrer du bio dans nos cantines sans que le coût explose ? Parce que toutes les familles qui nous écoutent et qui de temps à autre utilisent ces produits se rendent compte quand même que ça a un certain prix. Stéphane Veyrat : Alors c’est toujours un peu pareil, on regarde le prix du bio effectivement légèrement plus cher lorsqu’on achète les produits mais nous, nous faisons le rapprochement aujourd’hui dans ce manifeste entre le coût du vice et le prix de la vertu. C’est-à dire que réellement, combien coûtent les mauvais produits que l’on consomme aujourd’hui ? Et est-ce que les bons produits coûtent si cher que ça ? Dans le manifeste, nous relevons toutes ces collectivités qui ont choisi d’arrêter la malbouffe pour proposer des bons produits sans augmenter la facture pour les parents. La plupart des villes qui sont dans le livre n’ont pas augmenté le ticket repas pour les familles. Et c’est possible de faire du bio et du local. J’insiste : la plupart des villes que vous citez n’ont pas augmenté le coût du repas dans la cantine scolaire, on est bien d’accord ? Oui car il y a deux effets majeurs : d’une part, le prix des denrées agricoles dans un menu, aujourd’hui, c’est 20% du prix, donc ce n’est pas ce qui pèse sur la totalité de la facture, ensuite ces villes-là ne restent pas les bras croisés. Elles essaient de changer de regard et d’acheter intelligemment. ET acheter intelligemment, c’est acheter en saison, en circuits courts, c’est s’approvisionner différemment avec les fournisseurs, et puis c’est utiliser le levier de la baisse du gaspillage alimentaire qui représente entre 20 et 30% d’un repas. Lorsque vous additionnez tout ça, vous avez quand même des possibilités de faire moins cher. On comprend la logique de ce que vous nous décrivez mais quand même, une précision : ça peut ne pas coûter plus cher aux parents mais en revanche coûter plus cher aux cantines qui font l’effort… avec l’argent de nos impôts ! Alors elles font l’effort avec l’argent des impôts dans un premier temps mais rapidement il y a des économies d’échelle. Parce que aujourd’hui, dépolluer l’eau va coûter de plus en plus cher, parce qu’avoir une agriculture sûre et saine va coûter de plus en plus cher : les prix très bas qu’on a eus pendant des années, c’est un peu terminé. Et de fait les gens qui font le pari, justement, de manger bio et autrement, ce sont des gens qui vont protéger le budget de leurs populations. On voit dans les expériences qu’on a des gains énormes. On a par exemple un département, les Pyrénées-Atlantiques, où 90% des collèges sont à 30% de bio, sans augmentation et sans coût supplémentaire pour le conseil départemental. Le bio aujourd’hui dans les cantines, ça représente quoi en pourcentages ? Eh bien ça représente moins de 3%. C’est pour cela que dans le manifeste, le premier chapitre dit que beaucoup en parlent et très peu le font, et on est un peu saturés de voir des gens qui se gargarisent en disant que c’est en train de se passer… On a trouvé des villes comme Mouans-Sartoux qui ont réussi à maintenir le prix du repas à 1,86€ avec du bio et du local. Bien sûr ! Mais c’est parce que Mouans-Sartoux, ville qui a fait le choix du bio et du local, a assumé le fait qu’il fallait y mettre des moyens, éduquer les enfants, travailler sur les leviers évoqués plus haut, former son personnel. Et du coup, même si l’indice de consommation augmente, Mouans-Sartoux a baissé son coût de fabrication aujourd’hui. C’est à suivre de près. Dites-moi, et ce sera ma dernière question, et les enfants, ils en pensent quoi ? Parce que ça doit être dur de remplacer les pâtes et les frites, non? J’ai des souvenirs ! On les remplace astucieusement, avec passion et éducation. Derrière le travail en cuisine, il y a un gros travail des équipes de l’éducation pour que les enfants comprennent que ce changement est bon au goût et qu’avant tout, c’est un plaisir de manger bio.
Le son de France Info par ici ![]() Un dossier où on comprend que les ados aiment bien manger bio à conditions qu’ils soient bien informés. Cocorico ! Un Plus Bio frappe fort avec la rentrée en publiant un bel article dans la revue spécialisée Biocontact, disponible gratuitement dans la plupart des magasins bio de France. Dans le numéro de septembre, un épais dossier sur les rapports subtils que les adolescents d’aujourd’hui entretiennent avec la bio. A cette occasion, Un Plus bio a été invitée à participer à la réflexion sur les repas pris à la cantine en France. Un dossier complet qu’on voulait vous faire partager avec gourmandise ! L’article à télécharger en version PDF ici. ——————————————— ADOS : LEUR REGARD SUR LES CANTINES BIO Où l’on s’aperçoit que les jeunes convives attendent avant tout des plats frais et bons. Et que l’adhésion du personnel aux cuisines et l’information des jeunes sont essentielles au succès de la démarche. Départ encourageant, malgré quelques retards et ratés… D’abord un constat, plutôt sévère. Alors que le Grenelle de l’Environnement adopté en 2007 prévoyait à l’horizon 2012 d’intégrer 20 % de bio dans les repas de la restauration collective, on arrive péniblement en 2014 à 3 % environ. Certes, si on en croit les études de l’Agence bio, une majorité de collèges et lycées intègrent aujourd’hui des denrées bio dans leur restauration. Mais il s’agit au mieux d’opérations ponctuelles, au pire les élèves sont peu ou pas informés de ce qui leur est réservé. En ce sens, le défaut d’une communication claire suscite de facto la relative indifférence des convives. A l’association Un plus bio, spécialisée depuis une douzaine d’années dans la mise en place de solutions bio, durables et locales dans les systèmes alimentaires des collectivités, on voit tout de même l’avenir en couleurs. « Des évolutions intéressantes sont en cours sur certains territoires où des élus responsables et motivés portent la volonté d’améliorer les repas, constate Stéphane Veyrat, le directeur. Au risque, il est vrai, de passer éventuellement inaperçues auprès d’un public qui n’est pas forcément captif dans cette tranche d’âge. »
Les trois facteurs de réussite Par petites touches, en travaillant en lien avec de nombreux acteurs (cuisiniers, gestionnaires, chefs d’établissements, chercheurs, intervenants associatifs), on s’aperçoit que le fait d’aimer manger bio au collège ou au lycée tient souvent à la réunion de trois facteurs au moins. Il faut d’abord compter sur le portage politique de la collectivité publique en charge des repas. Des départements comme la Drôme, les Pyrénées-Atlantiques, le Gard, la Gironde ou l’Isère ont mis en place des démarches exemplaires auprès de leurs collégiens. La région PACA aussi, qui vient de publier une charte des bonnes pratiques pour encourager ses lycées à faire du repas un moment de convivialité autour de la notion de qualité alimentaire. Deuxième facteur : la nécessité pour les équipes en cuisine et au sein des établissements d’être convaincues d’améliorer le contenu général des assiettes. Lorsqu’une vertueuse convergence d’intérêts se dessine, de rapides améliorations se mettent en place et sont immédiatement bien perçues. A l’inverse, un manque de synergie entre quelques personnes seulement contrarie toute ambition de séduire les jeunes. Enfin, et c’est encore aujourd’hui le parent pauvre du manger bio à la cantine, il faut que les ados soient informés et sensibilisés au développement de comportements alimentaires éclairés. A défaut de quoi, préoccupés au moment du repas par d’autres paramètres que le seul registre alimentaire (relations sociales, tenues vestimentaires, regards portés entre eux), ils décrochent rapidement. A la cité scolaire de Villars-de-Lans (Isère), le lycée écoresponsable sert du bio et du local depuis longtemps, il a équipé de tables de tri ses salles de restauration où les élèves deviennent actifs en fin de repas, prenant conscience de ce qu’ils mangent, de ce qu’ils laissent et de la nécessaire réduction du gaspillage alimentaire. Les ados, un public pas simple ? Sur le fond une autre question revient souvent : le public ado serait-il un public difficile ? Les cuisiniers de collectivités, en tout cas, s’en plaignent régulièrement lors des diverses rencontres professionnelles auxquelles participe Un Plus Bio. Transmettre le plaisir de manger et l’intérêt d’atteindre l’équilibre alimentaire est un vrai travail. Mais le cuisinier peut y prendre part et jouer le rôle d’interface pédagogique avec les convives… à condition de revaloriser son métier encore trop souvent déconsidéré. « Il n’est jamais trop tard pour sensibiliser ces publics, résume Isabelle Laborde de l’association La Belle verte, tout est affaire de pédagogie. L’adolescent est rebelle et aventurier, il faut s’en inspirer. » Un gratin de légumineuses bien doré ou des tartines façon hamburger 100 % bio, frais et de saison, voilà des pistes à développer ! La sociologue Valérie Adt, spécialisée dans l’analyse des comportements à table, rappelle que « l’éducation alimentaire se fait par socialisation, entre parents et enfants, mais pas seulement », également entre frères et sœurs, entre professionnels de la restauration et convives et surtout entre camarades. « On apprend, ajoute-t-elle, à manger des aliments avec lesquels on n’est pas familiarisés à force d’exposition aux aliments dans un contexte particulier. En moyenne, il faut dix expositions d’un plat pour qu’il y ait une acceptation alimentaire. » Le bio n’échappe pas à ce principe de réalité. Son introduction sans démarche éducative n’aura pas l’impact souhaité. Julien CLAUDEL ——————————————————————————————– Saine ambiance au collège Aturri de Saint-Pierre-d’Irube « Quand on sert un yaourt bio, on va jusqu’à visiter la ferme du producteur laitier qui l’a fabriqué, chaque année les élèves ne dérogent pas à la règle de rencontrer un ou plusieurs producteurs ! » Robert Larramendy, chef cuisinier du collège Aturri à Saint-Pierred’Irube (Pyrénées-Atlantiques), gère la préparation de 700 couverts par jour avec un taux appréciable de 96 % d’élèves demi-pensionnaires. « Quand tout le monde est convaincu – chef d’établissement, gestionnaire, communauté éducative, cuisiniers – que le repas scolaire est un moment important, les enfants s’y retrouvent », clame ce chef engagé qui dit avoir « renoué » avec son métier après des années passées dans la restauration universitaire moins bien lotie. Le département des Pyrénées-Atlantiques fournit un appui financier et logistique aux collèges candidats à de meilleures pratiques alimentaires. Le programme « Manger bio & local, labels et terroirs » a ainsi permis de faire entrer 30 % de bio et local dans les menus des collégiens. Lesquels ont droit à des présentations soignées : « Une rondelle de citron et une noisette de beurre sur l’assiette de saumon, c’est le minimum. Ici on ajoute du persil frais haché, là une demi-olive noire, c’est pas grand-chose mais à la fin, c’est essentiel ! » ——————————————————————————————– Témoignages dans un collège qui a introduit 20 % de bio Pour ne pas lui porter tort alors qu’il mène une politique volontariste en bio, nous avons choisi de ne pas citer le département où ce collège utilise 20 % de produits bio, dispose d’une cuisine autonome et sert un pain aux céréales bio et local. Ingratitude de l’âge, les ados visiblement peu informés ne lui disent pas merci. Martin, 14 ans : « Ça reste de la cuisine intensive ! » Le cuisinier « activiste » Arnaud Daguin, intervenant régulier d’Un Plus Bio, était ce dimanche 2 février l’invité de France Culture et de l’émission « On ne parle pas la bouche pleine ». Après avoir répondu à diverses questions sur son parcours, Arnaud a rappelé le tryptique particulier qu’il affectionne : « le bon, le propre et le juste » en alimentation. Bien des sujets ont été abordés en quelques minutes, de la culture de melons sur couches chaudes à Paris dès le mois de juin, aux appels d’offres en restauration collective qui n’intègrent pas les paramètres qu’il faudrait, en passant par le travail intelligent des produits « au bon prix » ou le plaidoyer pour l’installation de « millions de micro-exploitations » pour nourrir la population. Le discours toujours clair et alternatif d’Arnaud Daguin, qui en outre nous a fait l’amitié de rappeler les actions d’Un Plus Bio, a fait mouche. Merci aussi pour sa recette de légumes racines d’hiver rôtis au four qui font les menus faciles et sains de toute une semaine! Podcastez l’émission ici-même Philippe Bertrand, journaliste animateur de l’émission Carnets de campagne sur France Inter, nous a fait l’honneur de s’intéresser à nos actions. Ce lundi 27 janvier, Stéphane Veyrat, directeur d’Un Plus Bio, a été interrogé sur la question du développement de la restauration collective bio et de qualité en France, avec une étape dans le Gard où la rédaction de France Inter a repéré les bonnes pratiques mises en place en lien avec notre association. Philippe Bertrand et Stéphane Veyrat ont abordé les difficultés des collectivités publiques à passer en bio, les problèmes d’approvisionnement, les évolutions constatées dans le domaine, etc. Le podcast de l’émission, c’est par ici. |