Municipales 2026,
vers de nouveaux
paysages alimentaires
L’alimentation, sujet du quotidien pour chacun d’entre nous, est devenue un enjeu politique majeur. Construire une véritable stratégie alimentaire sur sa commune, c’est agir pour une santé publique via l’assiette, préserver des terres nourricières et soutenir l’économie locale sans sacrifier l’environnement. Certaines collectivités l’ont déjà compris: elles se sont saisies de l’alimentation pour améliorer la vie de leurs concitoyens.
La temporalité d’un mandat oblige à définir des priorités et à avoir des arguments solides pour peser dans les arbitrages. Face à la profusion de guides et d’outils, nous pensons que l’enjeu n’est pas de recueillir plus de données, de multiplier les diagnostics, mais de choisir les mesures porteuses de réels changements afin d’élaborer un projet politique cohérent et réalisable. À l’approche des municipales, Un Plus Bio vous offre ses résultats de l’Observatoire des Paysages Alimentaires en y apportant des éclairages pour la construction de vos politiques publiques de l’alimentation.
Arbitrer ses priorités pour construire de nouveaux paysages alimentaires
Pour construire une stratégie alimentaire à la hauteur des ambitions politiques d’un projet municipal, il est indispensable d’installer une gouvernance du projet digne de ce nom. Cette notion de gouvernance, un peu abstraite, est souvent constituée de zones d’ombres alors que sa mise en place est capitale pour peser dans les arbitrages.
Nous faisons le constat qu’une marge de progression importante existe afin de rendre la dynamique de projet plus performante et faire de l’alimentation un pilier de la transition écologique.
Allouer des moyens financiers dès
le départ à la hauteur de ses ambitions
L’Observatoire des paysages alimentaires est formel, seulement 28% des collectivités de notre échantillon déclarent avoir un budget dédié à leur démarche sur l’alimentation, distinct du budget restauration.
Pour les 72% restants il n’existe pas de budget dédié.
Ces constats révèlent que la démarche alimentaire est encore trop souvent perçue comme une extension naturelle du service de restauration. Sans budget spécifique, ni véritable visibilité, la politique alimentaire a du mal à décoller. Pourtant, elle devrait être conçue comme un projet politique transversal, articulant foncier, alimentation, agriculture, éducation, santé, environnement, avec une équipe et des moyens.

Pour peser dans les arbitrages, une démarche alimentaire doit pouvoir s’appuyer sur un budget identifié, à la hauteur des ambitions portées. Cela envoie un signal fort en interne comme en externe : celui d’un engagement clair, assumé et pérenne. En tant qu’élus, vous êtes les garants de cette ambition. La traduction budgétaire est une condition de crédibilité de votre action. Sans ligne budgétaire dédiée, il est difficile de structurer des partenariats, de mobiliser les services, ou de porter une stratégie cohérente à l’échelle du territoire.
Recruter et constituer son équipe
pour animer sa démarche
L’Observatoire montre que 69% des collectivités de notre échantillon qui ont la compétence restauration collective, n’ont pas de poste dédié exclusivement à l’animation de la démarche alimentaire.
Souvent, ce sont les équipes de restauration, déjà responsables de la préparation des repas et de multiples missions, qui se retrouvent également en charge de l’animation globale des démarches alimentaires. Leur rôle va bien au-delàs des cuisines : elles participent à des actions de sensibilisation auprès des convives; sont mobilisées pour réfléchir sur l’action relative au foncier agricole, imaginer des ponts avec les autres services qui travaillent sur l’environnement, les espaces verts, les centres communaux d’action sociale (CCAS) etc. et contribuent ainsi à l’élaboration des stratégies alimentaires globales des communes.
Ainsi, à travers la restauration collective, les communes sont la cheville ouvrière de la transformation de l’alimentation. Cependant, le potentiel de leur action peut être freiné par des contraintes organisationnelles. Renforcer les moyens humains et financiers dédiés à ces enjeux pourrait permettre de consolider leur démarche et d’accroître l’impact de leurs actions.
Évaluer sa politique pour réajuster
ses ambitions
Lorsqu’une collectivité s’engage dans une démarche de transition alimentaire, la question de l’évaluation devient un enjeu central. L’évaluation permet non seulement de mesurer et de valoriser les effets concrets des actions mises en œuvre, mais aussi de réajuster la stratégie, d’en renforcer la cohérence, et de légitimer les choix effectués auprès du conseil municipal ou communautaire, des partenaires et des habitants.
Or, notre observatoire révèle que seules 54 % des collectivités interrogées ont mis en place une démarche d’évaluation de leur projet alimentaire.
Évaluation réalisée par :
Service interne
Organisme certificateur
Société conseil
Autres
Parmi celles qui évaluent, une majorité le fait via un dispositif de labellisation, souvent destiné à évaluer la restauration collective en utilisant des critères liés à la qualité des repas, des approvisionnements ou encore à l’écologie en cuisine. Cependant, si la labellisation est un levier incontournable pour progresser, elle reste focalisée sur la restauration collective. Il apparaît donc nécessaire de s’engager dans l’intégration d’une évaluation systémique et transversale de sa démarche alimentaire.
La cantine,
terrain d’action immédiat
Les chiffres de l’Observatoire des paysages alimentaires parlent d’eux-mêmes, la cantine est l’entrée incontournable pour commencer à traiter les sujets liés à l’alimentation et la transition écologique. De nos jours, il est possible de porter une politique de restauration collective ambitieuse, sans faire appel à des budgets astronomiques. Et savoir par où commencer peut faire gagner du temps. Un Plus Bio vous présente les leviers dont vous disposez.
Faire progresser sa cantine
en misant sur la bio
Soutenir la bio sur son territoire et dans ses assiettes est une démarche gagnante dans de nombreuses collectivités. Dans un contexte économique marqué par une inflation généralisée des denrées alimentaires, la bio maintient sa place dans les assiettes de la restauration collective. Chiffres à l’appui, nous vous en donnons les raisons.

Évolution de la part de bio et du coût denrées
par repas dans les cantines suivies depuis 2017
Depuis 2017, l’Observatoire a suivi trente collectivités ayant sous leur responsabilité 864 cantines scolaires.
La part moyenne de leurs achats bio a progressé de 19 points (soit une augmentation de +53 % en sept ans).
Entre 2022 et 2023, l’inflation s’est traduite dans le coût moyen des denrées d’un repas à la cantine. Celui-ci a connu une augmentation plus importante que les années précédentes (+21cts par repas).
Pourtant, les collectivités maintiennent le cap sur leurs ambitions pour l’alimentation bio et trouvent des solutions pour soutenir ces acteurs et ces filières.
Si elles gardent une vigilance permanente, elles s’emploient à contenir l’impact budgétaire grâce à une approche volontariste et cohérente sur les approvisionnements.
Pour contenir l’impact budgétaire les collectivités s’emploient à :
Lutter contre le gaspillage alimentaire afin de réduire le volume des achats dès l’étape des commandes
Acheter des produits bruts, de saison et locaux qui ont généralement des prix avantageux
Équilibrer leurs coûts en augmentant la proportion de protéines végétales
Affirmer le menu végétarien et assumer une viande bio ou locale
L’Observatoire montre que le menu végétarien est maintenant ancré dans les pratiques des cantines. Depuis l’installation de la loi Egalim en 2018, la progression est réelle. On constate même que 32% de notre échantillon va au-delà en proposant plus d’un menu végétarien par semaine. Sans compter que, dans 70% des collectivités, ces menus se font au profit de légumineuses bio et non de produits ultra-transformés.
Des collectivités proposent plus d’un menu végétarien par semaine

Pour 1/3 des collectivités ces menus végétariens ont permis de renforcer les approvisionnements en viande bio ou locale. Bien plus qu’une réponse aux obligations réglementaires, ces menus incarnent une véritable évolution des pratiques culinaires dans la restauration collective.
Jouer sans complexe
la relocalisation
L’Observatoire révèle que le niveau de relocalisation des approvisionnements est loin d’être anecdotique. 80% des collectivités de notre échantillon relocalisent au moins une famille de produits parmi les légumes, les viandes, les produits laitiers, les légumineuses, le pain et les œufs. Une relocalisation déjà bien engagée car 45% des collectivités relocalisent plus de trois familles de produits.
Des collectivités relocalisent
Cet élan participe aussi à une reconnexion des collectivités avec les acteurs du territoire qu’ils soient paysans, artisans ou entreprises locales. Pour atteindre un objectif audacieux d’achats locaux, développer et consolider des relations en direct avec ces acteurs économiques, c’est aussi les aider à se structurer en collectif et à maintenir des outils de transformation de proximité.
L’alimentation
au service
de la santé
Réussir une transition dans sa cantine est un acte politique qui a un effet direct sur l’alimentation des plus jeunes. Mais pour agir sur la santé de sa population, l’enjeu est de rendre accessible une alimentation de qualité au plus grand nombre.
Pour ça, les collectivités ont d’autres leviers que la cantine, et notamment une politique locale de santé. L’Observatoire des paysages alimentaires nous éclaire sur trois approches et leur déclinaison par les collectivités enquêtées.
Articuler sa stratégie alimentaire
avec une politique de santé publique
Les chiffres 2025 de l’Observatoire révèlent que 41% des collectivités territoriales ont des actions santé-alimentation qui s’inscrivent dans un programme de santé, soit une progression de 3 points par rapport à 2024.
Le Contrat Local de Santé (CLS) monte en puissance entre 2024 et 2025, avec une augmentation de 11 points (de 52% à 63% des collectivités engagées dans un programme), ce qui témoigne de son rôle central dans la territorialisation des politiques de santé.
misent sur la santé
Ce développement reflète la nécessité des collectivités d’inscrire leurs actions dans des démarches intégrées, soutenues par des financements pérennes et en cohérence a avec des politiques nationales. Ainsi, le CLS apparaît comme un outil d’organisation, mais aussi comme un levier stratégique pour les collectivités locales.
Offrir une alimentation de qualité accessible au plus grand nombre
Les collectivités de notre échantillon s’engagent dans le développement de politiques alimentaires locales structurées, avec un double objectif :
- améliorer la qualité de l’offre alimentaire (58%)
- renforcer son accessibilité pour tous les publics (53%)
Ces deux dimensions permettent de commencer à travailler sur les enjeux de santé publique, et actent un volontarisme des collectivités. Pour développer ces deux piliers, différentes actions structurantes ou dispositifs peuvent être mis en place.
Dispositifs mis en place pour rendre accessible l’alimentation
De nouvelles forme d’accompagnement émergent localement, portées ou soutenues par les collectivités comme par exemple le développement d’ordonnances vertes ou de paniers étudiants. Ces initiatives, souvent destinées à des publics vulnérables, témoignent la capacité des collectivités à innover pour répondre à des enjeux sociaux, économiques et de santé. Elles montrent que les politiques alimentaires locales peuvent dépasser le cadre de l’aide d’urgence et proposer des solutions adaptées.
Incarner sa politique de santé
dans des lieux dédiés
Pour renforcer et rendre visibles leurs actions en matière de santé-alimentation, les collectivités peuvent se doter de lieux dédiés, ouverts au public, qui incarnent les politiques locales. Ces espaces permettent de créer du lien social, de sensibiliser les habitants, et de favoriser l’accès à une alimentation saine et durable.
Selon l’enquête 2025, 31% des collectivités sont actuellement engagées dans la création de tels lieux.
Parmi-eux les jardins partagés restent aujourd’hui les formes les plus répandues mais d’autres types de structures émergent : tiers-lieux alimentaires ou encore maisons de l’alimentation.
Lieux créés par les collectivités
Ces lieux qui ont pour trait commun de mêler action sociale, éducation populaire et transition écologique sont par ailleurs d’une grande diversité dans leur modèle et leur fonctionnement. En favorisant leur émergence et en consolidant leur déploiement, ces lieux sont de véritables relais de l’action publique en matière de santé-alimentation. Ils permettent de créer du lien entre les actions institutionnelles, les dynamiques associatives et les besoins des habitants.
Donner une vocation nourricière à son foncier
Face au déclin du nombre de paysans, aux mutations du secteur de l’alimentation, l’action publique a un rôle à jouer en proposant un autre scénario. Habitats et hameaux spécifiques aux agriculteurs, outils de transformation, paiement pour services rendus … Mis bout à bout, les leviers à disposition des collectivités peuvent consolider un écosystème d’acteurs économiques vertueux.
Favoriser cet écosystème, construire les infrastructures nécessaires à la viabilité de leurs activités, c’est se donner les chances supplémentaires pour construire sa souveraineté alimentaire.
Définir une stratégie foncière
au service de l’alimentation
Conscientes des enjeux liés à la préservation et au développement de terres nourricières, 69% des collectivités déclarent avoir mis en place une stratégie foncière ou être en train d’en élaborer une.
Pour progresser, il est important de réaliser un état des lieux afin de poser les fondations d’une stratégie foncière. Pour cela une transversalité en interne, entre les services est de mise. Les villes qui progressent ont une idée spécifique de ce qu’elles disposent, de ce qu’elles proposent et connaissent leurs limites.

Pour sécuriser la vocation agricole des terres, consolider votre souveraineté alimentaire, vous pouvez vous référer un notre Petit Guide du Foncier Nourricier. Il décline les différentes stratégies à votre disposition et les leviers pour agir.
Travailler en synergie
avec le monde agricole
Lorsqu’elles maîtrisent le foncier nourricier, les collectivités ne se contentent pas de le conserver en l’état : elles font des choix spécifiques pour que ces terres soient mises en culture. En effet, les données de l’Observatoire des paysages alimentaires révèlent que 52% des collectivités propriétaires de terres agricoles choisissent activement de les mettre à disposition, plutôt que de les laisser en friche ou de les conserver sans projet.
Dans 68% des cas, ce sont des agriculteurs qui bénéficient de ces mises à disposition. En développant ces projets, vous témoignez de l’orientation clairement productive et nourricière de ces politiques foncières. Les collectivités peuvent aussi s’engager dans d’autres démarches comme les régies agricoles, les espaces-tests agricoles ou encore d’autres formes plus hybrides qui mêlent différentes fonctions.
Initiatives sur le foncier agricole dont les collectivités sont propriétaires
Mise à disposition du foncier
Régie agricole
Espaces-tests agricoles
Autre utilisation
Projet en cours
Inutilisé
Notre Observatoire permet aussi de déceler qu’en 2025, 48% des collectivités ont des projets en cours sur leur foncier agricole. Cela traduit une mise en mouvement des collectivités sur ce sujet. Majoritairement, leurs projets sont de mettre à disposition le foncier à des agriculteurs, de créer des espaces test agricoles ou de se lancer dans une régie agricole.
Miser sur la bio
Dans l’Observatoire, 53% des collectivités imposent un cahier des charges qui intègre l’obligation pour les exploitants de convertir l’exploitation en agriculture biologique. Ce chiffre a augmenté de 18 points par rapport à 2024. Cette forte évolution consolide le fait que pour atteindre une stratégie alimentaire digne de ce nom les collectivités sont de plus en plus nombreuses à s’appuyer sur les atouts de la bio.
Part des collectivités dont les terres mises à disposition sont certifiées agriculture biologique
Totalement bio
En partie
Les approches agricoles à soutenir sont multiples et dépendent bien sûr de l’histoire agricole de son territoire. Néanmoins, des tendances se dessinent lorsque que l’on recherche à installer une alimentation plus en phase avec la transition écologique. Se passer des engrais chimiques de plus en plus onéreux et des produits phytosanitaires de synthèse dont les effets néfastes ne sont plus à prouver, nous amène à installer une agriculture plus écologique.
À ce titre, des collectivités font déjà le choix de la bio.
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