Opération "friches rebelles" !

Et si on remettait une partie des terres en culture, en utilisant un vivier de disponibilités foncières insoupçonné ? C’est la belle idée née des constats d’un opérateur foncier, la Safer-Occitanie, avec Un Plus Bio.

Lors de nos échanges avec différentes collectivités, nous constatons régulièrement les difficultés rencontrées pour relocaliser l’alimentation.
Revient notamment la grande problématique du foncier destiné à satisfaire les besoins du territoire. Paradoxalement, il existe de nombreuses friches, souvent irrigables, laissées incultes pour plusieurs raisons : à cause d’une rentabilité trop fragile, de la pression de l’urbanisation et de la spéculation qu’elle engendre, notamment en zone urbaine et péri-urbaine.

Grâce aux partenariats atypiques et forts que nous entretenons avec plusieurs acteurs en Occitanie, nous animons une recherche-action sur les possibilités de mobiliser ces friches pour alimenter les demandes des collectivités tout en assurant une juste rémunération pour les producteurs.

Si le périmètre de notre expérimentation intègre l’ensemble de la région Occitanie, nous opérons sur un premier territoire, le département du Gard, sur lequel nous étudions et testons un nouvel outil de contractualisation en plusieurs volets : accès au foncier, planification alimentaire en fonction des attentes du territoire et formalisation de relations commerciales équitables et vertueuses.

Pour mener à bien ce projet, nous animons une cellule d’experts avec la Safer-Occitanie, un laboratoire de recherche sur l’agriculture urbaine de l’INRAE et des membres du Centre Lascaux sur les transitions (Celt). Le but : réunir les approches méthodologiques et les outils de contractualisation et de coopération à mettre en place entre les collectivités, les propriétaires fonciers et les producteurs.
Nous associons aussi différentes structures et institutions, notamment nos partenaires financiers, au comité de pilotage.

« L’idée, c’est de faire un état des lieux des friches, on en a par exemple 10 000 hectares dans l’Hérault, 8 000 hectares dans le Gard, 11 000 hectares dans l’Aude, etc. Ces terres en sommeil pourraient du jour au lendemain redevenir actives et passer directement en bio, puisqu’elles n’ont pas reçu d’intrants qui impactent l’environnement depuis plusieurs années. Si, demain, une commande locale a besoin de pommes de terres, de melons ou de tomates, de blé ou d’épeautre, cette friche se remettra en production alors qu’elle ne rapportait plus rien. »

Dominique Granier, président de la Safer-Occitanie

Autre solution : créer une régie agricole

L’idée, de plus en plus partagée en France, est toute simple : une collectivité locale achète ou mobilise une parcelle disponible et y installe son propre agriculteur. Comment ça marche ?

C’est une traduction pratique de la logique d’ajustement des ressources aux besoins, une idée chère au chercheur François Collart-Dutilleul. Une idée neuve en fait, qui fait un joli pied-de-nez aux formes habituelles de l’offre et de la demande. Dérogeant au principe de la délocalisation des productions, la régie agricole est un outil qui permet de répondre à trois urgences : le manque ou le défaut de production locale (essentiellement en fruits et légumes), la lutte contre le réchauffement climatique (il n’y a pas de circuit plus court entre le lieu de production et celui de la consommation), et le développement économique, social et humain (la régie est un lieu de production mais aussi un formidable support pédagogique).

La ville de Mouans-Sartoux (06), membre du Club des Territoires Un Plus Bio, est pionnière en la matière. Depuis, elle a été suivie par d’autres membres du réseau : Gonfreville-l’Orcher (76), Cussac Fort-Médoc (33), Ungersheim (68), Lagraulet-du-Gers (32), Grande-Synthe (59), Moussy-le-Neuf (77), Cazouls-les-Béziers (34), etc. Chaque collectivité adaptet son projet à la configuration locale et les résultats sont là, ou en cours : l’approvisionnement bio et local des cantines est renforcé, le tissu économique de la région profite des retombées indirectes de cette politique de proximité, et que la population accède progressivement à un éventail de productions plus riche.