« Moi, président(e)… »

Tous nos articles
15 février 2022
À la une

L’élection présidentielle approche, l’occasion d’élever un peu le débat ! Nous avons eu l’idée de poser cette question aux membres du Club des Territoires d’Un Plus Bio : « Et vous, si vous étiez demain aux commandes du pays, quelles mesures fortes prendriez-vous pour faire bouger les politiques alimentaires ? » Quitte à faire des projections, on vous fait aussi part des nôtres, tout en sollicitant les vôtres !

Cet article est extrait de notre revue « Jour de Fête » à lire de toute urgence !

Les six propositions des élus du Club des Territoires

1- JE RELOCALISE !

Revoir les règles des marchés publics pour favoriser l’approvisionnement local en restauration collective.

Aujourd’hui, le code de la commande publique, qui rassemble les règles encadrant les activités de commandes et d’achats publics, concerne tout type de biens, y compris alimentaires, au nom de la liberté d’accès aux marchés publics pour tous les fournisseurs et de la libre concurrence. Le responsable des achats d’une collectivité ne peut pas légalement favoriser l’accès à un producteur sur le seul critère du local, alors même que la loi EGalim cherche à promouvoir les approvisionnements locaux et de qualité. Seuls les biens culturels dérogent à la règle. Il faudrait donc permettre aux collectivités de privilégier officiellement les produits locaux, au nom de la sécurité alimentaire et de la transition écologique, au même titre qu’on privilégie les films français dans les cinémas ou les chansons françaises à la radio. En créant une « exception alimentaire », la contractualisation entre collectivités et les producteurs locaux vertueux serait favorisée et rendrait plus facile l’introduction de produits bio et locaux en restauration collective.

2- JE BAISSE LA TVA !

Passer la TVA à 0% sur les denrées alimentaires durables pour les mairies qui gèrent leur cantine en régie municipale.

Pour encourager les collectivités à recourir à plus de produits sains, abaisser le taux de TVA serait une solution qui permettrait d’envoyer un bon signal et de dégager un peu de marge budgétaire. Les produits bio et les produits SIQO (signes officiels de la qualité et de l’origine) seraient concernés.

3- JE RENDS L’ÉCOLE GOURMANDE !

Intégrer les notions d’alimentation durable et de respect de la nature aux programmes scolaires et rendre obligatoire leur enseignement.

L’éducation alimentaire, de la maternelle au lycée, doit avoir pleinement sa place dans les programmes scolaires pour former les citoyens de demain à une nourriture saine et au respect du vivant. Aujourd’hui, cela ne se fait qu’au bon vouloir des enseignants qui le souhaitent et, bien souvent, le temps manque aux professeurs qui ont par ailleurs des programmes scolaires chargés à traiter en une année scolaire. C’est pourquoi l’éducation alimentaire doit figurer explicitement sur les programmes, avec des thèmes à traiter et un temps minimum à y consacrer dans l’année. Cette mesure vaut pour l’enseignement en classe mais doit aussi inclure des « classes découverte » en extérieur, à raison d’une heure ou deux par semaine (jardinage, maraîchage bio, ateliers cuisine durable…).

4- JE RÉFORME LA FORMATION !

Rénover les filières de formation aux métiers de l’alimentation et de l’agriculture pour qu’elles intègrent la notion de durabilité.

Par la force des choses, les métiers autour de l’agriculture et de l’alimentation sont appelés à évoluer. Cela suppose de réviser les programmes d’enseignement « classiques » de toute une catégorie de métiers (ingénieurs agronomes, cuisiniers, chargés de mission alimentation…) pour la mise en place de filières de formation adaptées aux enjeux de demain. Ainsi le bio, le local, la saisonnalité, la lutte contre le gaspillage, la réduction des déchets, l’économie circulaire, la vision globale du projet alimentaire du territoire sont autant de thèmes qui auraient toute leur place dans ces formations. Cela doit également nous inviter à repenser les modalités de recrutement en ce sens (dès la rédaction de la fiche de poste jusqu’aux avantages et conditions de travail avec, par exemple, une révision de la grille indiciaire pour valoriser les techniciens de collectivités).

5- JE BOOSTE LE MÉTIER !

Rendre attractifs les métiers autour de l’alimentation et l’agriculture durables via des aides à la reconversion ou à l’emploi.

Aujourd’hui, un maraîcher qui souhaite s’installer en bio ou un cuisinier engagé pour la qualité dans l’assiette de ses convives ne sont pas forcément reconnus à leur juste valeur, ce qui n’incite pas à aller vers ces métiers des gens qui ressentent pourtant l’envie de faire bouger les choses. Nous pourrions imaginer le versement d’une forme de « chèque du changement de vie » pour permettre aux gens en précarité professionnelle ou sans emploi de trouver un sens à ce qu’ils font. Leur permettre de tenter l’expérience d’un nouveau métier pendant un an tout en assurant leurs arrières pourrait les décider à sauter le pas. Cette mesure pourrait aussi concerner les personnes qui s’engagent dans une reconversion professionnelle.

6- JE DÉMOCRATISE !

Développer une aide alimentaire à base de produits bruts et durables.

L’aide alimentaire permet à de nombreuses personnes et familles avec de très faibles revenus d’obtenir un repas d’urgence, des tickets ou des chèques alimentaires afin de se nourrir. Pour autant, ce qui est considéré comme aliment dit de base ou de première nécessité n’est pas toujours qualitatif. Il s’agit généralement de produits bruts (pâtes, riz, lait, sucre…) sans exigence en termes de bio, sain et durable. L’accès à une alimentation saine ne doit pas être seulement réservé à certaines catégories sociales !

Ils ont participé :
  • Emmanuelle Cosson, conseillère municipale à l’alimentation, la restauration, l’apprentissage et la formation professionnelle à Salon-de-Provence (13).
  • Antoine Cottin, conseiller municipal en charge du développement durable à Lévignac-sur-Save (31).
  • Yves Delcroix, conseiller municipal en charge de la transition écologique à Chambray-les-Tours (37).
  • Annie Kinas, adjointe à l’éducation, à l’enfance et aux droits de l’enfant à Martigues (13).
  • Charlotte Normand, conseillère municipale déléguée à l’alimentation et aux énergies à Auray (56).
  • Isabelle Plaud, adjointe à l’éducation, l’enfance et la jeunesse, et à la sensibilisation environnementale, à Saint-Rémy-de-Provence (13).
  • Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux (06) en charge de l’éducation et de l’alimentation et membre du conseil d’administration d’Un Plus Bio.
  • Chloé Rivière, conseillère déléguée à la restauration municipale, à l’agriculture nourricière et au bien-être animal à Annecy (74) ;
  • Françoise Thomel, adjointe déléguée à la restauration collective à Antibes-Juan-les-Pins (06).

Le conseil d'aministration d'Un Plus Bio à Paris, en novembre 2021.

Et des idées encore plus audacieuses, par Un Plus Bio

  • Tous les enfants passent en cuisine une semaine par an
    Et si les jeunes convives de la restauration scolaire vivaient une semaine d’immersion derrière les assiettes ? Visites de régies agricoles et de fermes, passage en cuisine, participation à la fabrication de repas, service, plonge, tri sélectif, nettoyage. À l’issue de l’expérience, exposé retour devant la classe.
  • Des potagers dans les cours d’école…
    Stop au tout asphalte, place au vivant dans les espaces de vie collectifs. Sous la houlette des professeurs d’école ou des enseignants en SVT, développement d’espaces de culture pour observer la micro-faune, la flore, les saisons, les cycles de vie biologique dans le sol, la germination, la lutte bio contre d’éventuels ravageurs. Mise en place d’un calendrier de culture, d’entretien et de récolte dans le cadre des activités du temps péri-scolaire. Et si la place manque dans la cour, on recourt à des jardins proches de l’établissement.
  • et un jardin planétaire dans chaque collectivité.

Paysager, potager, fruitier, récréatif, chaque collectivité devra mettre à disposition un espace collectif dédié. On pourrait le fixer à 50 m² par habitant. Ces lieux seraient gérés par les habitants, les collectifs citoyens, etc…. Un budget participatif viendrait amener les ressources financières pour y conduire certaines activités.

  • Un banquet annuel pour les parents
    Une fois par an, tous les parents d’élèves sont invités à déjeuner à la cantine, par groupes, par exemple sur une semaine. Accueillis par l’équipe en cuisine, les élus, les équipes pédagogiques, avec un exposé sur les objectifs politiques, économiques, sociaux et humains visés par la collectivité.
  • L’enseignement alimentaire dans les programmes scolaires
    Dans la jungle de l’offre agro-alimentaire où la malbouffe drague en permanence le (jeune) consommateur, découverte de la nutrition-santé, approche et définition de la qualité alimentaire, exploration du rapport agriculture-nature-culture, décryptage des étiquettes alimentaires, décomposition des recettes industrielles préférées des enfants (hamburgers, nuggets, tacos, etc.), intervention de cuisiniers en classe…
  • Un revenu alimentaire mensuel de 1 000 € pour tous ceux qui produisent ce que nous mangeons. Le revenu mensuel d’un bon tiers de la profession agricole n’atteint pas le Smic, selon l’Insee. L’instauration d’un revenu minimum officiel de 1 000 € permettrait aux acteurs de la transformation alimentaire et à ceux qui se lanceraient de disposer d’une marge de sécurité indispensable. Le financement de cette mesure sera assuré par la générosité des grands groupes industriels et de la grande distribution sur l’activité desquels on prélèvera un pourcentage des bénéfices avant distribution aux actionnaires !
  • La journée annuelle de la grande tablée.
    Manger ensemble devient une véritable arme contre la déprime et le repli identitaire de toutes sortes. Une fois par an, la France se plie en quatre pour manger ensemble. Et pas seulement une fête des voisins, non, une généralisation du banquet populaire !
  • L’université du temps choisi.
    Une fois dans sa vie, un citoyen peut bénéficier d’une pause choisie ou subie pour se former, s’initier à d’autres métiers qui ont pour finalité de consolider la souveraineté alimentaire de son territoire.
  • Un Erasmus alimentaire !
    Pour un nouveau programme d’échanges universitaires international : l’Erasmus du bien manger. Partager son paysage alimentaire, apprendre des autres cuisines, transmettre son savoir-faire culinaire, c’est s’ouvrir aux autres et à leur culture. Un nouveau moyen de lutte contre la peur des autres !
  • Un service civique alimentaire : l’agriculture a besoin de bras et de têtes bien faites ? Suscitons des vocations avec un « service civique alimentaire » pour découvrir les métiers de la fourche à la fourchette.

Et vous, quels rêves alimentaires ?

Et si vous rejoigniez notre comité des utopies ? Tout le monde se met à table chaque jour, et chacun d’entre nous est concerné par ce qui se passe dans nos assiettes. Un Plus Bio vous invite à coucher vos idées,

des plus sages aux plus folles, des plus simples aux plus argumentées, de la cantine de vos enfants aux paysages alimentaires que vous aimeriez contempler en 2050 en passant par vos rêves d’une autre alimentation.

Vous avez jusqu’à l’été 2022 pour tout nous dire !

Partager l'article