« L’engagement politique permet de faire encore mieux avancer notre projet »

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9 juillet 2020
Trois questions à...

Emmanuelle Cosson est une toute nouvelle élue du conseil municipal de Salon-de-Provence (13), dont le maire Nicolas Isnard a été largement réélu au premier tour en mars dernier.

Après avoir co-dirigé durant six ans le service enfance-jeunesse de la ville, où elle a renforcé le bio et le local à la cantine, elle s’est lancée dans la reprise d’une PME de production de plats cuisinés. Rendre l’alimentation de qualité accessible à tous, au-delà des écoles, voilà son dada. Et ses conseils.

Emmanuelle Cosson, lors des journées du Pont-du-Gard, en 2018.

Vous avez souhaité intégrer l’arène politique en devenant élue à la restauration collective et à l’alimentation. Pour quelle raison ?

Ce qui m’a poussée à accepter la charge d’élue, en effet une première pour moi, c’est l’envie de continuer sous l’angle politique ce que j’étais parvenue à faire sur un plan technique : développer et renforcer le projet alimentaire de la commune via la restauration collective bio et durable mais aussi, désormais, élargir ce projet à l’ensemble de la population et des acteurs locaux. Le cap fixé par le maire en matière de développement durable est ferme, clair et précis, dans lequel je m’inscris complètement avec un mandat qui comprend trois axes : le soutien à l’économie locale, la relocalisation de l’alimentation, et la formation des jeunes. Nous avons la chance de disposer d’un CFA municipal (Centre de formation des apprentis) qui forme aux métiers de bouche (boucherie, pâtisserie, boulangerie…), l’objectif est par exemple de créer un CAP de cuisine durable. L’éducation me paraît être un axe majeur de la transformation des territoires et si on peut aider les jeunes à emprunter des chemins qui profitent économiquement et socialement au bassin de vie, ce serait une bonne chose.

Où en est le projet alimentaire de Salon-de-Provence ?

Il est déjà ancien mais n’a jamais cessé de se consolider dans le temps. Aujourd’hui nous servons 3400 repas chaque jour composés de 33% de produits bio, majoritairement locaux. Nous sommes labellisés Ecocert « En Cuisine », avons créé une commission agricole qui est une instance précieuse de dialogue avec le monde de la production locale. Nous avons évolué vers une cuisine de marché en sortant des standards, en faisant la part belle à la saisonnalité, aux produits bruts et, si nous n’avons pas encore de légumerie, nous travaillons sur le projet d’un outil en lien avec le chantier d’insertion associatif. L’idée d’avancer sur la question des volumes de légumes frais en professionnalisant des publics éloignés de l’emploi est aussi une manière d’intégrer dans notre politique alimentaire une part sociale durable. Nous nous sommes rapprochés de Manger Bio Provence, la nouvelle plateforme régionale de producteurs bio qui ont développé une offre dédiée à la restauration collective, et utilisons régulièrement la plateforme Agrilocal 13.

Nous sommes aussi partie prenante du projet alimentaire territorial (PAT) lancé par Marseille Métropole, c’est pour nous important de montrer notre mobilisation, même s’il est encore tôt pour savoir comment évoluera ce dossier. Enfin localement, de beaux projets vont être lancés sur la ville : la suppression du plastique, la mise en place d’un compost et la création de jardins pédagogiques dans toutes les écoles. Et pour soutenir le tissu économique local, on planche en ce moment sur la création d’une maison des producteurs, en vente directe.

Vous qui avez bien connu les coulisses de la politique alimentaire avant de vous présenter, quel conseil donneriez-vous aux nouveaux élus qui veulent se lancer ?

Je pense qu’il y a autant de cas différents qu’il y a de communes et que chacun doit établir pour commencer un diagnostic précis de sa situation. Mais je dirais que la question essentielle à se poser en début de mandat est de savoir comment on veut gérer la politique alimentaire de son territoire dont la restauration collective est l’outil principal. Faut-il gérer en direct les cantines ou passer par des sociétés privées ? Personnellement, ma préférence va à la première option, car même si c’est beaucoup de travail et que cela demande une bonne capacité de gestion d’équipes, le gros avantage de la régie est de conserver l’entière maîtrise de son projet alimentaire, de la qualité souhaitée, du mode d’organisation et des modèles d’approvisionnement. Mais si c’est impossible, alors il faut se concentrer sérieusement sur le cahier des charges des appels d’offres. Les sociétés privées sont capables de bien faire, à condition qu’on garde systématiquement un œil sur leurs pratiques. J’invite à cet égard tous les élus à rejoindre comme nous le Club des territoires Un Plus Bio qui est une mine précieuse d’échanges, d’idées et d’actions pour évoluer rapidement !

Recueilli par Julien Claudel

« Je dirais que la question essentielle à se poser en début de mandat est de savoir comment on veut gérer la politique alimentaire de son territoire. »

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